Le voyage de Gros Baloo, Un couple en bateau part visiter la planète. Est elle vraiment ronde?

GUYANE FRANCAISE

26 avril au 23 mai 2012 La GUYANE FRANCAISE

Lors de notre arrivée et cherchant une place, un anglais de son bateau nous dit méchamment, mouillage….mouillage ! Heureusement un peu plus loin un français nous prend gentiment nos amarres à la place du Connétable et devant son bateau. C’est Christian qui vit depuis plus de 30 ans avec sa femme Christine et leur fille Maëlle sur leur bateau Tara Amangani. Ils nous seront très précieux car ils sont là depuis un peu de temps, Christian travaillant à Cayenne. Ils nous donnent tous les tuyaux de ce qu’il faut faire et voir. Christian nous accompagne le lendemain louer une voiture à 15€, Plus 10€ d’assurance tout risques. En effet Dégrad des Canes est loin de tout et la voiture est obligatoire, ne serait ce que pour visiter la Guyane. Merci à cette famille sympathique qui a su rehausser le niveau d’accueil de cette marina mal entretenue et où résident des bateaux squatteurs avec des individus qui vivent aux crochets de la société et ne payent même pas l’eau et l’électricité consommée. On se demande si on est vraiment en France. En plus la place pour le bateau n’est pas chère. M’enfin… !!!

La Guyane c’est quand même la France avec ses bons produits dans des super marchés et des épiceries chinoises, sa gendarmerie et ses douanes, un pays où on comprend bien la langue et où on boit même du rosé de Provence. Attentions aux radars, mais les routes sont super entretenues.

On trouve en plus tout l’outillage et pièces diverses pour le bateau. Seule ombre au tableau je ne trouve toujours pas mon échangeur d’échappement, si ce n’est en pièce adaptable à importer de France pour 2500€…., je passe mon tour.

Par chance Christian nous indique un réducteur qui traine sur les pontons, à jeter, mais qui a encore son échangeur refroidisseur d’huile. La bonne aubaine, car c’est aussi une pièce introuvable ici. Vite démonté et remis en place sur mon réducteur avec une petite adaptation …….Gros Baloo sauvé des eaux… !!!!!

On n’oublie pas non plus de visiter à la ville de Cacao le marché des Mongs, le musée Le Planeur Bleu, sur les insectes de Guyane, tenu par un instituteur passionné et passionnant.

Visite et une nuit dans les marais de Kaw où une faune nombreuse et variée nous entoure. Visite par moto godille, soirée super sympa sur une barge hôtel flottante avec d’autres touristes français.

Visite en grand catamaran des Iles du Salut. Belle balade à pieds aussi à l’intérieur avec les ruines du bagne, un petit cimetière bucolique, une auberge avec des perroquets agressifs qui défendent leur territoire à coup de bec….ça pince fort !

Nous avons assisté au tir d’une fusée Ariane, magnifique et impressionnant. Quelle puissance au départ et le ciel étant clair, on assiste aussi au largage des différents étages. Bonnes explications et organisation au top.

La chance nous a accompagnés une nuit sur le bord d’une plage : on voie sortir un gros rocher de l’eau et se hisser péniblement sur le haut de la plage. C’est une tortue Luth d’environ 250kg qui creuse son nid pond ses œufs et retourne à la mer. Dommage pour les photos mais le flash est interdit. On peu tenter sa chance le petit matin avant le levé du soleil.

Cayenne est une petite ville de province avec plein de boutiques souvent tenues par des chinois. Cyber café chinois aussi. On y trouve son bonheur. Je suis allé chez le coiffeur local, chez Lucie ; que des locaux bien bronzés, mais toute une famille est là en tenue d’apparat car il y a du mariage dans l’air et il faut donner le dernier coup de peigne….magnifique. En plus pour le rasoir, on coupe une lame gilette en deux et tenue entre deux doigts, ça remplace avantageusement le coupe choux habituel.

On n’oublie pas de faire notre pensum annuel, les déclarations d’impôts.

La vie est en euros et plus chère que la France. Le Connétable est revenu de ses réparations et on s’est retrouvé à couple de son bord. Heureusement il est reparti en mission et nous avons récupéré notre place au ponton.

Nous sommes placés sous le vent du port commercial, et une fois par mois environ, il y a un cargo qui décharge du ciment en vrac pendant 5 à 6 jours, et comme la Guyane n’est pas la France, il n’utilise pas d’aspirateur à poussières. Du coup nous sommes sous un nuage de poudre de ciment. Bonjour la carapace et les vitres opaques. Pour les vitres vinaigre obligatoire et pour tout le reste karcher. Et surtout n’ouvrez pas les hublots, malgré la chaleur qui monte…..Gros Baloo cocotte minute, manque plus que le sifflet.

Attention de ne pas rouler la nuit sur certaines routes, piratage possible, il y a même des semis remorques qui disparaissent.

L’orpaillage clandestin est aussi un gros problème qui amène une faune brésilienne et surinamienne pas très catholique. Problèmes de drogue aussi, la sécurité n’est pas assurée partout.

Malgré ceci, nous garderons un très bon souvenir de la Guyane.

L’escale Guyanaise m’a permis de remettre Gros Baloo en état de continuer le périple. J’ai aussi mis du « chameau diesel » dans les réservoirs pour nettoyage et entretien. C’est un additif qui est utilisé dans ses contrées sur toutes les machines de travaux publiques pour que le gasoil reste toujours efficace, sans eau de condensation ni bactéries et qui a un grand pouvoir de nettoyage.

24 mai au 30 mai traversée vers Grenade, l’ile aux épices

6h50, à la bourre comme d’habitude sur la marée, on décolle enfin du quai. Moteur pour se sortir de la côte. Première surprise désagréable le joint spi du réducteur au niveau du plateau d’accroche de l’arbre d’hélice fuit…….

8h50, clignotant à gauche, pas trop de vent, on continue au moteur avec l’artimon. On suit le plateau continental sur l’extérieur pour avoir moins de vagues et ne pas croiser des pêcheurs souvent mal éclairés.

17h30 vérification du niveau d’huile du réducteur, c’est tout bon la fuite est légère.

21h50 on croise deux petits cargos, un de 256m par 32 de large et 11 de tirant d’eau, un de 208, 31,10, on reste respectueusement à l’écart. L’un s’est quand même dévié. Vive l’AIS qui nous donne ses info et qui leur donne aussi notre cap et vitesse, et leur dit que nous sommes un voilier lent et peut manœuvrant.

25 mai, un peu de vent on déroule le génois pour aider le moteur, 6h50 je coupe le moteur et met en route l’alternateur d’arbre.

8h, le vent est tombé, le démarreur tourne bien, mais le moteur refuse de faire teuf teuf…. !!!!!! Je plonge dans la cale……. 

Un certain temps plus tard, diagnostic le gasoil n’arrive plus. La pompe marche, donc bouchon quelque part ou problème sur la distribution, grippage ? Crevé dodo…..

 1h45 on croise un cargo, heureusement de loin car on se traine à la voile. Gros Baloo est vraiment gros et lourd, moins de 11 nœuds de vent et il fait du sur place.

26 mai

Le téléphone satellitaire fonctionne beaucoup ce matin. C’est samedi mais je réussi à contacter quand même le réparateur des moteurs Perkins à Cayenne. Quelques tests et téléphones plus tard, c’est la régulation de la pompe d’injection qui est grippée, surement du fait du chameau diesel.  Solution système DSS (démerden si sich) ou en français system D, y injecter un mélange gasoil+huile+dégrippant. Pas facile mais je trouve une combine……..pas d’effet, toujours pas de teuf teuf…..et les batteries de service sont un peu basses. Vu notre vitesse l’alternateur d’arbre ne donne rien. Je sors mon petit générateur essence pour recharger via le chargeur du bord. Qué nada lui non plus refuse de démarrer. Niveau d’huile un peu bas ? Petite vidange mais niet, refus de coopération……… c’est la cagade………

Heureusement cette nuit l’AIS ne signale pas de cargo.

27 mai

8h quelques poissons volants et une mer vert émeraude, un peu de vent.

12h30 mis à la cape pour rester sur place, on fait du sud à 1.5nds.

Et toujours à injecter mon mélange. 15h démarrage impossible, dégouté,  je referme les planchers qui recouvrent le moteur. On coupe le frigo mangeur d’ampères et je barre le plus souvent à la main, pilote débranché.

Début de nuit calme et sans vent, puis enfin un peu de zef qui nous porte enfin dans la bonne direction, mais on fait trop de tribord. On s’écarte donc encore plus de la côte. Avantage, on s’éloigne aussi des zones avec possibilité de croiser des pirates.

28 mai

Ce matin un peu de vent enfin dans le bon sens, vitesse fond 4.30nds. Je change de méthode, injection que de dégripant sous pression avec une seringue, on améliore le DSS.

11h hourra la risée Perkins est de nouveau là. Quel doux ronron…… !!!!!! On gave les batteries d’ampères tout neufs, le pilote est de nouveau banché en continu. C’est le bonheur avec un vent arrière merdouillard, des grains dans tous les sens et une mer chaotique, à la voile on aurait été bousculés.

29 mai

Réveil 9h, bien dormi 6 heures d’affilé, merci Marie-Rose. On a pris +40° sur babord et la prévision d’arrivée nous situe à 3h du matin. Moteur à 600t/mn, nombreux grains, fort courant qui nous oblige à une correction de cap de 50°. On refait le plein d’eau douce avec le dessal.

30 mai

2h on remonte le long de Grenade, car je veux arriver de jour à Prickly Bay à cause des cayes de corail. 3h30 virement à 180°. 4h30 les étoiles s’éteignent, puis les lumières de l’ile. Grenade se perd dans la brume matinale, 20nds de vent E-SE. 7h un oiseau nous frôle, une barque saute de vague en vagues. 9H nous sommes enfin amarrés à quai à Prickly Bay Marina. 6 jours de mer pour 750 miles, moyenne 125 miles par jour. On a du avoir un vrai tapis roulant de courant.